The Elder Scrolls V Skyrim : nos impressions manette en mains
Imaginez un continent tout entier conçu pour satisfaire aux exigences malades des amateurs d’épopées médiéval-fantastiques. Une gigantesque terre de contrastes, où cohabitent les peuplades les plus diverses et les plus exotiques, où magie et alchimie permettent de régler les conflits aussi efficacement qu’une épée à deux mains ou qu’un arc taillé dans le meilleur bois. Un monde où seigneurs et artisans, prisonniers et guerriers, se retrouvent régulièrement menacés par des créatures terrifiantes et des périls immémoriaux. Ce monde, c’est Tamriel, le fol univers qui sert de background à la série des Elder Scrolls depuis bientôt vingt ans. Et le dernier volet en date de la saga vous permet d’en explorer une région encore inédite en HD : les terres sauvages et enneigées de Skyrim, où règnent brutasses chevelues et dragons légendaires !
C’est cette terre pas vraiment touristique mais auxquels les aventuriers de tous poils trouvent bien des qualités qu’il nous a été donné d’explorer durant deux petites heures, manette Xbox 360 à la main. Une expérience aussi plaisante que frustrante, la qualité de n’importe quel volet de la mythique série ne pouvant être pleinement évaluée en une grosse poignée de minutes. Ce premier contact fut ainsi trop bref pour croiser l’un des reptiles géants qui doit faire tout le piment de ce nouvel épisode, pour pénétrer dans l’une des principales cités de la région ou pour saisir toutes les subtilités d’une intrigue qui s’annonce, une fois n’est pas coutume, d’une belle complexité. C’est à peine si nous aurons eu le temps d’apprendre que certains acteurs bien connus de l’épopée font de nouveau parler d’eux, sans qu’il nous soit encore possible de vous révéler leur identité (et ce malgré les innombrables fuites qui ont inondé le réseau ces derniers jours). Bethesda nous a formellement interdit de déflorer la trame de sa colossale production, mais l’éditeur-développeur ne s’est guère immiscé dans nos péripéties virtuelles. Eternel VRP globe-trotter de la compagnie américaine, Pete Hines naviguait certes entre les postes, mais dans le seul but d’éclairer chaque journaliste sur certains points du jeu. Car à l’image de ses prédécesseurs, ce nouvel épisode déborde d’informations, de menus spéciaux, de mécaniques alternatives. Outre le traditionnel déroulé en forme de jeu d’action en vue subjective dans un monde totalement ouvert, Skyrim offre pas mal de possibilités, depuis la préparation culinaire jusqu’au crochetage de serrure, depuis la recherche alchimique jusqu’à la maîtrise de la forge.
Plus près du paradis
Ode au libre-arbitre oblige, le quotidien de votre héros peut se réduire à des vagabondages champêtres sur les traces de monstres à trucider, mais Skyrim offre une expérience d’une grande variété aux moins paresseux des aventuriers. Pour découvrir toutes les subtilités du titre, il semble en effet nécessaire de se donner un peu de mal, de passer outre une interface qui permet certes de regarder chaque objet en 3D mais dont la construction en forme de listes multiples ne simplifie ni la compréhension, ni l’utilisation, et de lire entre les lignes d’objectifs pas toujours très clairs. Sur ce dernier point, la stratégie de Bethesda n’est pas insensée : en restant toujours un peu évasif sur vos missions, le studio vous contraint à explorer un maximum votre environnement et ainsi à découvrir de nouveaux lieux, de nouveaux personnages, de nouveaux buts, et à construire votre propre histoire en-dehors du strict cadre de la quête principale. Terre désolée mais majestueuse, composée de vastes forêts, de landes glacées et de pics enneigés, Skyrim est suffisamment peuplée pour que vos pérégrinations n’y soient jamais barbantes. Innombrables y sont les ruines et les donjons, dans les soubassements desquels vous trouverez toujours quelques bandits et autres créatures hideuses à occire, ainsi que divers trésors à piller. Les hameaux isolés sont tout aussi nombreux, et il est finalement difficile de faire plus de cent pas sans tomber sur quelqu’un, ami ou ennemi. Le système de combat rend les mauvaises rencontres plaisantes. Les deux mains du héros sont gérées indépendamment avec les gâchettes (sauf si vous utilisez des armes lourdes), et vous pouvez assigner une magie à votre paluche gauche, une arme à la droite, et découper vos opposants tout en les rôtissant à l’aide d’un sort de feu. Attaques puissantes, qui vident votre barre d’endurance, et autres mots de pouvoir – qu’il vous suffit de prononcer une fois appris pour provoquer quelques dégâts autour de vous – renforcent des capacités offensives que vous développerez aussi par le biais d’un arbre de compétences esthétique mais, là encore, peu lisible.
Ruines et donjons innombrables, hameaux isolés en pagaille, dans Skyrim, il est difficile de faire plus de cent pas sans tomber sur quelqu’un, ami ou ennemi."
Ces quelques défauts d’interface ne devraient pas coûter grand-chose à Skyrim, dernier rejeton d’une longue lignée de produits mal-finis mais si vastes, si réfléchis et si addictifs qu’ils ont su fédérer la communauté des rôlistes. Avec son terrain de jeu énorme et enchanteur, et une réalisation vraiment soignée malgré des imperfections du côté du moteur physique et quelques choix visuels parfois discutables, le cinquième volet des Elder Scrolls semble être une réussite technique. Notons d’ailleurs que, sur notre machine, le jeu n’a pas planté une seule fois durant toute la session, ce qui est plutôt encourageant compte-tenu de la sinistre réputation des développeurs en matière de codage. Outre la technique, les Américains semblent avoir également accordé un grand-soin à la cohérence de leur jeu, à son écriture. Skyrim regorge d’ailleurs d’écrits, livres, notes, gravures, qui permettent de mieux saisir l’histoire de chaque lieu, de chaque héros, et compte un nombre incalculable de PNJ prêts à vous narrer bien des légendes, à vous aider, voire à vous accompagner plus ou moins durablement. Que vous soyez un guerrier solitaire sans lien ni attache ou un cœur d’artichaut prêt à fonder un foyer entre deux chasses au dragon, un contemplatif ou une tête brûlée, Bethesda semble avoir ici pensé à vous, ainsi qu’à toutes les autres catégories de joueurs, et pourrait bien donner satisfaction à tout le monde. Un sacré tour de force, à découvrir le 11 novembre sur PC, PlayStation 3 et Xbox 360.