MEDAL OF HONOR
Après de longs mois de silence radio, Medal of Honor revient parmi nous. Une absence inquiétante pour cette série qui, exceptée une petite pause en 2001, n’avait pas quitté nos écrans depuis la parution du volet originel, en novembre 1999. Mais alors que l’annualisation réussit à certaines licences, le FPS historique semblait avoir de plus en plus mal à supporter ces incessantes sorties. Lucide quant à la situation d’une série incapable de se renouveler – et qui peinait à décoller sur la nouvelle génération de machines – Electronic Arts avait même quasiment officialisé son enterrement, en publiant deux anthologies à la douce fragrance de sapin, sur PS2 en 2007 et PC en 2008. Alors que la flamme de Medal of Honor faiblissait, celle de son concurrent le plus direct embrasait la planète ludique. Pour avoir su quitter des ornières de la Seconde Guerre Mondiale, Call of Duty, pour ne pas le citer, a en effet décroché un double-jackpot, critique et commercial. Et quand un jeu rafle la mise, tout le monde s’en inspire pour mieux faire sauter la banque.
Les hurlements des Stuka et des Zero se sont éteints depuis longtemps, et ce ne sont plus les archaïques Thompson et autres MP40 qui crachent la mort sur les champs de bataille. Pour son grand retour, MEDAL OF HONOR emprunte la voie ouverte par Infinity Ward et s’aventure à une époque riche de conflits explosifs : la nôtre. Electronic Arts Los Angeles, développeur historique de la série, sort l’artillerie lourde contemporaine et part guerroyer du côté de la Passe de Khyber. Et tous les dieux du panthéon moderne savent que les forces occidentales y ont bien besoin de renfort…
Propaganda !
Seconde armée mondiale en terme d’effectifs, la force militaire américaine compte davantage de piétaille qu’il n’y a d’habitants en Estonie. D’après les informations très utiles délivrées lors de la présentation de MEDAL OF HONOR, il semble toutefois que le contingent de soldats d’ultra-élite inclus dans les rangs de l’Oncle Sam soit inférieur à la population de Bourgtheroulde-Infreville, patelin probablement charmant de l’Eure. Peu importe qu’ils ne soient guère plus de 2000, les commandos les plus secrets et les plus efficaces de l’US Army, dont Electronic Arts a eu la rare opportunité de rencontrer quelques représentants, peuvent vous dépeupler une région en moins de deux. Communément regroupés sous la vague appellation de Tier One operators, ces groupes de choc – Delta Force, Navy Seal Team 6 et quelques autres – sont composés de recrues particulièrement expérimentées, qui ont su démontrer toute l’étendue de leur talent à bien des reprises. Ce sont quelques-uns de ces redoutables bras armés de l’Amérique que vous allez incarner dans leur tentative de ramener un peu de stabilité virtuelle au paradis du pavot. Car dans la vraie vie, les opérations menées en Afghanistan par l’OTAN, ne semblent guère avoir d’effet (du moins lorsqu’elles sont considérées à 5 000 km de distance). Les principaux instigateurs de la campagne affrontent d’ailleurs depuis bien des mois un feu nourri de critiques, bien alimenté par le retour en force des Talibans dans l’ensemble de la République Islamique. La nouvelle production d’EA Los Angeles arrive donc à point nommé pour redorer le blason des troupes engagées, ou tout du moins présenter la complexité de la situation. MEDAL OF HONOR, œuvre de propagande ? Le studio ne répond probablement pas à une commande de l’armée américaine (et encore moins de l’OTAN) mais celle-ci devrait s’offrir ici une belle campagne de promotion auprès de l’opinion.
Frères ennemis
Grâce à ce partenariat assumé, Electronic Arts peut, de son côté, enfin tirer sa licence multimillionnaire du bourbier sexagénaire et se lancer à l’assaut de la guerre moderne et de son plus fier représentant : Call of Duty : Modern Warfare. De corvée de présentation, Richard Farrelly, directeur créatif, n’a ainsi pu éviter quelques désagréables questions sur les similitudes entre son jeu et les derniers produits Activision. Cet ancien de Treyarch, notamment passé par Call of Duty : World at War, aurait pu se contenter de nous rappeler que Call of Duty a tout pompé à MEDAL OF HONOR, à commencer par une bonne partie de son équipe de développement, et qu’il est logique que les deux séries se rejoignent une nouvelle fois. Mais non, le bonhomme a préféré souligner que son œuvre est plus réaliste que la saga d’Activision, et qu’elle respecte les soldats. Le discours est quelque peu cryptique mais, effectivement, à l’écran, pas de massacre de civils dans un aéroport ou de boucherie non-stop sous un déluge pyrotechnique. Ce nouveau millésime respecte toutefois les codes d’action cinématographiques ébauchés il y a plus de dix ans, et des scènes grandioses à base de bombardements ou de séquences véhiculées vous permettront d’évacuer votre excédent d’adrénaline. L’action s’annonce plutôt variée, le joueur étant amené à incarner différents soldats au cours de son expédition, d’un Ranger un peu nerveux à un très discret et très professionnel Navy Seal. C’est ce dernier qui nous a d’ailleurs été dévoilé, le temps d’une mission d’action-infiltration au sommet d’une montagne. Accompagné de trois partenaires pas moins redoutables et auxquels il ne pourra donner aucun ordre, le héros du moment n’a toutefois pas dévoilé de capacité inédite. Echanges de bastos, meurtres au corps à corps, les amateurs de FPS semblent destinés à évoluer en terrain parfaitement connu. Le genre ne sortira probablement pas grandi de cette expérience, mais l’efficacité devrait être au rendez-vous si l’on se fie à l’atmosphère assez oppressante qui régnait sur la carte. Entre le crépitement continuel des radios, l’écho sourd de l’artillerie et le décor désertique dans lequel évoluent discrètement des soldats ennemis difficiles à distinguer de vos alliés – tous barbus, tous en civil –, l’odyssée afghane se révèlera certainement dépaysante, malgré une réalisation un peu décevante. L’environnement présenté se prêtait évidemment peu aux démonstrations techniques et les décors urbains s’avèreront peut-être autrement plus saisissants, mais la qualité des textures et des modèles laissent, pour le moment, à désirer. Enfin, dans le jeu comme dans les théâtres de guerre, la situation change vite ! Sauf, peut-être, en Afghanistan… Premières rafales à l’automne, sur PC, PlayStation 3 et Xbox 360.