Fuser : on a joué à la suite spirituelle de DJ Hero, par les créateurs de Rock Band
Montés sur le succès évident des Guitar Hero par FreeStyleGames et à la demande d’Activision, les deux titres DJ Hero avaient marqué leur époque en proposant un gameplay impactant et, surtout, une musicalité géniale appuyée d’un gros casting. Malheureusement, un troisième jeu n’aura pas été envisageable, sans parler de la mode descendante des accessoires onéreux - en l'occurrence une platine vendue à prix d’or. À la rédaction de JEUXACTU, nous versons régulièrement des petites larmichettes en repensant au potentiel peu exploité de cette franchise croustillante, définitivement mise sous le tapis : c’était toutefois sans compter sur le désir d’Harmonix Music Systems de réinvestir le milieu du deejaying en s’épaulant de l’éditeur NCSoft, pourtant spécialisé dans les MMORPG. Une alliance improbable mais qui pourrait bien porter ses fruits : autant dire que nous avons été plutôt ravis de notre passage avec les développeurs qui nous ont montré, en détails, ce Fuser au gameplay plus qu’original.
STARTING FROM SCRATCH
Le but de Fuser est, sur le papier, assez simple : on y incarne un ou une DJ qui, comme son nom l’indique, doit faire un DJ set devant son public. Avant de s’attarder sur la jouabilité même du titre, il parait essentiel de rappeler les bases mêmes d’un tel métier, fondations sur lesquelles les développeurs se sont appuyés pour construire leur nouveau rejeton : le disc jokey, c’est celui qui choisit, sur le tas, les titres à passer tout en se les réappropriant grâce à son instrument de prédilection... les platines. Tout bonnement, le but est donc de raconter sa propre histoire en mélangeant des tracks, en les modifiant en temps réel grâce à un tas de possibilités farfelues et, surtout, de mener la foule où bon lui semble ou de revenir sur ses pas s’il juge avoir été dans la mauvaise direction. Un art bien plus complexe que ne semble accorder la société et que Fuser tend bien à démontrer, toutefois, d’une manière extrêmement simplifiée. Tout d’abord, le soft ne se joue à l’aide d’aucun accessoire : seule votre manette et ses boutons traditionnels sont demandés. Un outil qui ne demande donc pas de réapprentissage et qui s’ouvre, forcément, au grand public.
Ensuite, Fuser a beau être un jeu de rythme, il ne se calque absolument pas sur les modèles classiques de DJ Hero, Guitar Hero et autres Rock Band. Aucun QTE n’est à signaler et il ne s’agit absolument pas d’une seule et unique chanson à exécuter le plus parfaitement possible. Ici, le but est de laisser libre cours à sa créativité en mélangeant le panel de musiques proposées - des morceaux de tous genres (rock, rap, pop, électro, etc.) et des années 70 à aujourd’hui - en les décomposant. Quatre couches sont ainsi définies : le beat, les vocals et deux nappes mélodiques (par exemple du piano, de la guitare ou autres), chacune accordée par couleur à une touche de la manette. Tous ces éléments peuvent être superposés, s’accorderont automatiquement selon le tempo (qui peut-être réglé manuellement) pour un résultat détonnant. Concrètement, cela veut dire qu’il est possible de poser le rythme du hit Don’t Let Me Down des Chainsmokers avec, par-dessus, le riff culte de Smash Mouth d’All Star, la musique latino de Mi Gente de J. Balvin puis le rap légendaire de Candy Shop, d’un certain 50 Cent.
Évidemment, certains morceaux s’assemblent mieux que d’autres et si le jeu fait l’effort d’uniformiser tout ça dans une volonté d’accessibilité, il ne tient qu’à vous de faire concorder certains tracks selon vos préférences et votre logique. Les possibilités deviennent alors très approfondies : il est possible d’enlever certains éléments quelques secondes seulement pour les échanger avec d’autres, et ainsi de suite pour former un morceau tout à fait unique et le mieux construit possible. À l’instar d’un véritable DJ, il est possible d’ajouter d’autres effets par-dessus le tout grâce à plusieurs boîtes à rythme et autres synthétiseurs, qu’il faudra bidouiller manuellement pour y mettre encore plus de patte personnelle. Dommage seulement qu’il ne soit pas possible de scratcher ! On vous rassure, cela paraît peut-être compliqué comme cela mais une fois manette en main, les réflexes arrivent très vite et la jouabilité s’assimile particulièrement bien. On s’amuse assez vite à mixer des tracks improbables pour un résultat loin d’être épouvantable, même franchement encourageant.
WOOP, WOOP
On vous rassure, si un mode freestyle sera bien proposé, Fuser n’est pas qu’un bac à sable musical et pourra imposer une véritable difficulté. Le but d’un DJ étant de faire chauffer la foule et de réagir en fonction d’elle, on recevra plusieurs requêtes du public qu’il faudra éventuellement accomplir pour faire progresser sa note de style. Ainsi, certains fêtards virtuels demanderont à jouer “un morceau de rock actuel”, “de la musique des années 70”, “un track Rap/Hip-Hop”, forçant alors le joueur à répondre aux demandes et faire évoluer son set. C’est plutôt malin et cela permet d’apporter du dynamisme et de se fixer des objectifs. De plus, il faudra bien faire attention à mixer dans les temps en jetant un œil constant au métronome : lorsqu’un élément d’une musique sera posé en rythme, on gagnera des points qui s’ajouteront au compteur, le but étant évidemment d’obtenir les cinq étoiles à la fin du temps imparti.
Lors de notre démo, seuls seize morceaux étaient disponibles : il y a avait du Billie Eilish, du Fatboy Slim, du Migos, du Post Malone, du Warren G mais aussi The Clash, Imagine Dragons ou encore Blue Öyster Cult ou LMFAO. En soit, des morceaux particulièrement mainstream destinés à une audience très large qui viendront compléter un large roster de plus de cent chansons, dont une bonne partie issus du top mondial. À vrai dire, on aurait tout de même aimé qu’il y ait une sélection plus underground, notamment dans le domaine de la musique électronique ou le potentiel de deejaying est plus qu’évident : de la techno, de la house, du dubstep, de la trap auraient été franchement les bienvenus mais il ne semblerait pas que cela soit au programme ou, au mieux, en DLC.
De toute façon, il y aura déjà de quoi faire dans Fuser puisqu’une campagne nous a été confirmée ainsi qu’un multijoueur coop et compétitif : de plus, une grosse customisation du personnage sera présente pour une direction artistique qui rappelle clairement les précédentes productions du studio. On nous annonce aussi plusieurs environnements inspirés des plus grands festivals : bref, l'initiative d’Harmonix est globalement très bonne et promet de longues heures de jeu, d’essai et bidouillage en tout genre. Cerise sur le gâteau : il sera possible d’enregistrer ses mixes pour les partager ensuite sur les réseaux sociaux, ce qui devrait assurer une certaine popularité dès la sortie en automne 2020 sur PC, PS4, Xbox One et Switch. On est très, très curieux d’avoir le titre complet dans les mains.