DSiWare / WiiWare : notre reportage
Il y a maintenant quelques semaines, Nintendo nous a conviés dans ses locaux européens, situés non loin de la périphérie de Francfort pour un événement inhabituel. Y était en effet réunis de nombreux acteurs de notre industrie, dont la présence était justifiée par un objectif commun : la présentation d’un ou de plusieurs jeux. Pas de quoi s’attendre à un pré-E3 dédié aux machines du constructeur japonais cela dit, puisque tout ce beau monde était chargé de faire la promotion du line-up printanier de la plate-forme de téléchargement de jeux inédits de la Wii, le WiiWare, et de son tout jeune homologue le DSiWare – dédié, vous l’aurez compris, à la DSi. Après avoir essayé pas loin d’une vingtaine de titres, nous vous avons concocté un petit reportage ainsi qu’une revue d’effectif avec mise en exergue des bons élèves. Voire des très bons.
Commençons par une petite mise au point : depuis l’arrivée de la DSi sur le marché le 3 avril dernier, les Wii Points que nous connaissions ont laissé leur place à des Nintendo Points. Fonctionnant sur le même principe et compatibles avec les deux Chaîne Boutique, ils se cantonnent cependant à un compte et à un seul, ce qui signifie en d’autres termes que l’achat d’une carte prépayée ne peut servir qu’à une console à la fois. Un petit écueil que l’on doit certainement à la passivité de la firme de Kyôto sur tout ce qui a trait au réseau, mais qu’on nous promet corrigé dans un futur plus ou moins proche. Un futur qui pourrait néanmoins s’étendre à la prochaine génération hardware. Quoiqu’il en soit, cette petite précision méritait d’être faite, le reste, comme le taux de change – 100 points pour 1€ – étant inchangé.
Yes, Wii can ?
Avec une bonne vingtaine de jeux présents sur un même showroom, difficile de savoir par lequel commencer. Le hasard a voulu que l’on tombe sur Bonsai Barber, un jeu récréatif dans lequel on se contente de réaliser une coupe de cheveux à un bonzaï. Oui, c’est concept. Dénué de toute forme de challenge ou de contrainte, ce soft qui ne demande qu’à être "joué quelques minutes par jour" sollicite le pointeur et la détection de mouvements de la Wiimote pour contrôler divers outils (ciseaux, tondeuse, peigne, peinture, arrosoir pour faire pousser feuilles et branches en cas de raté…). Une fois son œuvre accomplie, il est alors possible de l’immortaliser pour la garder précieusement dans un album, ou bien pour la partager à un ami. Comme nous, vous aurez certainement du mal à saisir la portée de la chose. Ce qui est d’autant plus troublant lorsqu’on se rend compte que l’équipe qui se cache derrière cet OVNI – Zoonami – est à l’origine de mythes comme GoldenEye ou Perfect Dark.
Le hasard a voulu que l’on tombe sur Bonsai Barber, un jeu récréatif dans lequel on se contente de réaliser une coupe de cheveux à un bonzaï. Oui, c’est concept."
Ces jeux qui se veulent plus divertissants qu’exigeants, plus instantanés qu’immersifs se prêtent bien au concept d’achat impulsif qu’autorisent le DSiWare et le WiiWare. Pas étonnant alors de voir des titres comme Water Fanfare et ses pistolets à eau, ou Spaceball : Revolution fleurir. Le genre de jeux qui auraient parfaitement leur place dans les nombreuses compilations casual qui sortent chaque trimestre. Avec son idée de départ qui demande que l’on reproduise les figures indiquées à l’écran sur un damier de 3 cases par 3, Spaceball : Revolution en est le parfait exemple. La différence se fait ici au niveau de la finition, bien supérieure à ce que nous trouvons généralement en boîte. Pour "valider" une case, il suffit simplement d’expédier une balle dessus en visant à l’aide du pointeur de la Wiimote. Avec la possibilité de faire ricocher les balles pour déjouer et contourner les pièges qui sont posés au fur et à mesure de la progression, ce bébé de Virtual Toys peut clairement être l’initiateur de quelques défis lancés lors d’une soirée jeu vidéo entre joueurs occasionnels. Et on sait que la dame blanche de Nintendo n’est jamais la dernière à répondre présent pour ce genre de festivités.
We were there !
ColorZ, un jeu bien frenchie d’Exkee, ratissait pour sa part une audience plus large. Son principe est pourtant simple : il suffit de traverser des niveaux au scrolling sur rails en les nettoyant des nombreux virus qui les polluent. Pour cela, il suffit de passer dessus avec les petits vaisseaux que l’on dirige, en faisant attention à être raccord au niveau des couleurs. Le cas échant, il est possible de faire fusionner jusqu’à 3 vaisseaux afin d’obtenir la teinte adéquate. Un élément qui signifie que le jeu en coopération tiendra une part importante. Assez tendu par moment, ColorZ peut exiger une certaine dextérité ; voire plus pour les loups solitaires, puisque le stick du Nunchuk et le pointeur de la Wiimote dirigeront chacun un petit vaisseau. Toujours est-il que le concept nous a séduit, et que jouer en duo avec sa moitié peut se révéler plutôt sympatoche.
Compilation de parodies de hits actuels, Squibs Arcade avait comme originalité de proposer toutes ses victimes sous forme d’un jeu électronique type Game & Watch. Une excellente idée en soi, qui l’écarte un peu des autres projets du même genre (WarioWare, Retro Game Challenge, pour ne citer que les plus connus). Malhreueusement, dans les faits le concept ne nous a pas paru vraiment adapté au WiiWare. Certes, les gars de Alten8 Limited ont fait preuve d’inventivité dans les titres (Jack-a-Motor pour GTA, Lots of Levelling pour World of Warcraft, Call of Honour pour Call of Duty et Medal of Honor, ou plus subtil, Regret the Fist qui est l’anagramme de Street Fighter), mais quelques réglages évidents étaient encore à effectuer pour ne pas rendre l’expérience trop frustrante. Et peut-être aurait-il été plus judicieux de proposer le titre sur le DSiWare.
Vif et basé sur des duels en arène de mecha, Overturn : Mecha Wars rappelle immédiatement Virtual On, la célèbre franchise de Sega. Mais seulement sur la forme, car autrement, il n’offre pas du tout le même plaisir de jeu. Voire pas de plaisir du tout. Les engins mécaniques d’Overturn : Mecha Wars semblent dénués de toute masse, d’inertie, si bien que l’impression de glisser prend rapidement le pas sur les sensations de lourdeur que l’on est en droit d’attendre. Ajoutez à cela un prise en main imprécise, voire totalement bancale une fois le Wii Balance Board greffé, et vous aurez compris qu’Overturn : Mecha Wars n’aura pas répondu à nos attentes. Dommage étant donné les ambitions du titre, qui, comme témoins de sa bonne volonté, proposera d’ailleurs de grosses possibilités de customisation et du multi en écran splitté ou via le Nintendo Wi-Fi Connection.
D’ici le mois de juillet, le WiiWare en proposera vraiment pour tous les goûts, bien que l’on ait remarqué que la stratégie allait tenter de s’emparer une bonne part de gâteau. A l’occasion de cet évènement germanique était en effet présenté pas moins de trois titres susceptibles d’être classé dans le genre. Le bien connu Crystal Defenders R1 (dont des déclinaisons sont également disponibles sur l’AppStore, le Xbox Live Arcade ou le PlayStation Network) attirait l’œil d’emblée, profitant du background de Final Fantasy Tactics A2 pour s’imposer face à son concurrent directe Robocalypse : Beaver Defense, un second Tower Defense plus bordélique et moins attractif. Esthétiquement très léché, Swords & Soldiers agit davantage en qualité de RTS. Avec comme principale particularité un point de vue posé sur un scrolling horizontal, ce projet de Ronimo Games semble être bien parti pour séduire les amateurs du genre, ce qui nous n’avons malheureusement pu vérifier faute de temps. Cave Story et Icarian : Kindred Spirits sont les deux autres victimes de notre journée marathon.
Globalement, on aura constaté que les développeurs sont bien plus inspirés lorsqu’il s’agit de faire éclater leur créativité sur WiiWare que sur DSiWare. Sans nous décoller la mâchoire, les titres développé sur Wii étaient plus aboutis, mieux pensés et affichaient davantage de légitimité que leurs homologes nomades. Une question d’ancienneté du support, probablement. Autrement, comme vous allez le voir ci-dessous, il est étonnant de constater que pour son lancement, le DSiWare n’ait pas eu droit à un porte drapeau, comme LostWinds ou Final Fantasy Crystal Chronicles : My Life as a King en leur temps.
Phase de rodage
Côté DSiWare, autant être honnête, pour le moment peu de titres sont en effet parvenus à capter notre attention. Entre Art Style : AQUITE, Art Style : CODE, Papier Volant, Pyoro et WarioWare : Snapped! qui sont disponibles depuis le lancement du service, Programme d'Entraînement Cérébral du Dr. Kawashima : Maths Express qui n’est qu’un extrait – basé sur une épreuve de calcul mental – du logiciel connu de tous, Mixed Messages qui est une sorte de Pictionnary couplé au Téléphone Arabe à l’intérêt discutable, ou encore un Pop Superstar : Road to Celebrity (une simulation de vie pour star en devenir) qui se paye le luxe d’afficher des temps de chargement, il y avait de quoi être perplexe. On reconnaîtra volontiers la qualité de la franchise Art Style et le challenge offert par deux titres comme Papier Volant, Pyoro, mais peut-être en attendions nous plus. Sur une grande majorité du line-up présenté, aussi bien le double écran, le côté tactile ou encore l’appareil photo numérique n’auront été une source d’inspiration pour les développeurs. Real Football 2009 constitue d’ailleurs un bel exemple. Avec un contenu identique à la version actuellement disponible dans le commerce et un prix moindre, cette production signée Gameloft offrira seulement la possibilité de capturer son visage pour l’appliquer grossièrement sur à peu près tout et n’importe quoi dans le jeu. Une trouvaille qui est loin d’être lumineuse, d’autant qu’elle semble avoir été implantées par quelques coups de marteaux.
On conclura enfin ce tour d’horizon par une note d’espoir avec les deux titres qui nous ont fait sérieusement de l’œil : LIT et Mighty Flip Champs. Parce que le hasard fait parfois bien les choses, c’est à deux productions d’un même studio, WayForward Technologies en l’occurrence, que nous devons ces coups de cœur. Dans des styles bien différents, les développeurs ont su créer des jeux intelligents, qui ne nécessitent aucune forme de skill, mais simplement un cerveau prêt à en découdre avec les nombreux pièges qui nous sont tendus. Développé pour le WiiWare, LIT est décrit comme un 3D horror action puzzle game dans lequel le héros, Jake, doit traverser les 30 salles de classes de son lycée – plongé dans la nuit. Le concept veut alors que l’on se fraye un chemin en jouant astucieusement avec toutes les sources de lumière, s’avancer dans une zone d’ombre étant synonyme de descente aux enfers. Casser une fenêtre pour laisser apparaître un filet de lumière, allumer une lampe ou une télé, basculer de la vue aérienne par défaut à une perspective type première personne sont le genre de mouvements de base qu’il faudra impérativement maîtriser, sous peine de voir les boss – qui apparaîtront tous les cinq niveaux – nous prendre en défaut.
Beaucoup plus coloré mais pas moins inventif, Mighty Flip Champs, dit le Braid du DSiWare, a laissé entrevoir le temps de quelques niveaux un potentiel très intéressant qui mise sur un bête concept de progression en miroir. Concrètement, l’écran supérieur de la DSi affiche le déroulement de l’action, celui du bas le ghost d’Alta, l’héroïne. Forcément, les niveaux diffèrent d’un écran à l’autre, tout l’intérêt est alors de savoir switcher intelligemment entre les différents tableaux – deux au départ, puis qautre à notre stade de progression – pour franchir les nombreux obstacles et se rendre du point A au point B. C’est tout bête, mais il fallait y penser et WayForward Technologies l’a fait. Bref, le studio est l’auteur des deux titres les plus intéressants que nous avons pu essayer, ce qui augure du meilleur pour le retour de a boy and his blob, dont s’occupe également cette équipe friande de casses-têtes.