Crysis 2
En l’espace de deux titres, le studio Crytek a mis les choses au clair et nos PC à genoux. Sur un marché, celui des FPS, habituellement dominé par les productions américaines, l’équipe historiquement basée à Francfort a mis une belle fessée à bon nombre de ses confrères yankees, tout en vidant les poches des joueurs un peu exigeants. Démonstrations de puissance technique, Far Cry puis Crysis ont imposé un nouveau standard graphique – essentiellement accessible aux propriétaires de machines de guerre – sans pour autant sacrifier au bon sens ludique. Après ces deux productions diablement efficaces, le studio allemand allait-il parvenir à maintenir un niveau de qualité constant et à nous balancer un troisième uppercut virtuel dans la tronche ? Présenté à Londres la semaine dernière, Crysis 2 a soufflé le chaud et le froid sur une assistance impatiente de le découvrir…
Finies les vacances ! Loin des plages enchanteresses d’îlots du Pacifique, c’est à une petite escapade dans l’enfer urbain que les auteurs de Far Cry nous convient aujourd’hui. New York, terrain de jeu préféré des développeurs en mal de destruction massive ? Grondante, tentaculaire, la ville qui ne dort jamais est bien malmenée ces derniers temps. Après les assauts furieux de [Prototype], Crysis 2 vient à son tour croquer la Grosse Pomme, qui se retrouve pour l’occasion plongée dans un chaos digne d’Independence Day ou de La Guerre des Mondes. Mais quel endroit plus propice pour briser un joug totalitaire que cette ville mythique ? C’est donc sous le regard bienveillant de la Statue de la Liberté (sous réserve qu’elle survive aux événements), et sur un scénario signé par l’écrivain cyberpunk Richard Morgan, que vous partirez chasser non seulement d’envahissants extra-terrestres mais également une drôle d’armée d’hommes en noir, les Crynet Ops. Les visées des premiers sont simples : conquérir la Terre, asservir (ou éliminer) l’humanité, écraser les fleurs et tuer les petits oiseaux à l’aide de leurs armes surpuissantes, ou en congelant le tout comme ils l’avaient fait lors du premier épisode. Les ambitions des seconds sont encore obscures : que veut leur organisation, dont on ne sait si elle est liée à des quelconques instances gouvernementales ou si elle agit en totale indépendance ? Volontiers agressifs à l’égard de l’attaquant venu d’ailleurs, ces soldats sont tout aussi hostiles à votre égard et tentent par tous les moyens de mettre la main sur la nanosuit, cette superbe armure moulante qui octroie à votre héros divers
Vertical limit
Déjà performante lors de son premier test en conditions réelles, la nanosuit a subi quelques modifications depuis les événements survenus dans le Pacifique. La combinaison se voit désormais affublée de quelques gadgets bien utiles pour le combat urbain, et notamment d’une capacité d’écoute à distance, qui vous autorise à suivre les conversations entre des guetteurs installés au sommet d’un immeuble. Ses capacités athlétiques sont également décuplées, grâce auxquelles vous profiterez de la verticalité de l’environnement, ce qui consistera pour l’essentiel à sauter de toits en toits. Brève, la démo ne nous a guère permis d’évaluer l’étendue de l’environnement, et nous serions bien en peine de vous dire si votre progression sera totalement linéaire ou si vous pourrez vraiment bondir où bon vous semble pour mieux contourner l’ennemi. Monde ouvert ou pas, les possibilités tactiques sont vastes, puisqu’il reste possible de la jouer infiltration, en profitant de l’invisibilité temporaire octroyée par votre habit d’ombre, ou plutôt tank, en basculant en mode Armure, ou d’alterner savamment les deux en fonction de vos opportunités, de vos désirs et de vos réserves énergétiques. Malgré une mise en scène toujours très hollywoodienne, Crysis 2 ne semble pas oublier de solliciter vos neurones. Même si vous optez pour une approche franche et brutale, il vous faudra préalablement déterminer le nombre et la position des forces en présence, sous peine de vous faire descendre en moins de deux. Les adversaires présentés n’étaient pas tous futés (en particulier les Humains, hyper statiques), mais tous avaient tendance à tirer très fort. Pas très à l’aise, le démonstrateur s’est ainsi fait aligner à plusieurs reprises, et n’a évité l’humiliation que grâce à l’activation du God Mode. A sa décharge, la version présentée ramait un peu, comme d’habitude chez Crytek. Les chutes de framerate ne constituent pas la seule marque de fabrique du studio, habitué à nous livrer des titres aussi gourmands que beaux. Crysis 2 ne déroge pas à la règle, bien que la leçon graphique soit moins évidente que sur le premier volet. Pas de jungle touffue, pas de baie enchanteresse ici, mais des immeubles qui explosent et un beau rendu HD. L’ensemble devrait tout de même faire franchement mal sur PC, un peu moins sur les consoles de salon pour lequel le titre semble hélas avoir été initialement conçu, comme le démontre son interface un poil envahissante. Nous ne pourrons certes pas reprocher au développeur de vouloir toucher le plus grand nombre, mais le studio va devoir se faire une raison : les possesseurs de PS3 ne peuvent rajouter 4Go de ram dans leur bécane, pas plus que leurs frères ennemis ne sont capables de changer la carte graphique de leur Xbox 360. Le compte à rebours est enclenché, et les dizaines de programmeurs investis sur le projet devront donc cravacher pour optimiser leur titre, dont la sortie est prévue pour Noël 2010 sur les trois supports. Et les vacances, ce sera pour plus tard !