Zelda Breath of the Wild : la magnifique lettre d'amour de Ken Levine (BioShock) à Nintendo


Zelda Breath of the Wild : la magnifique lettre d'amour de Ken Levine (BioShock) à Nintendo
Nos confrères de Polygon ont eu la bonne idée de demander à différents acteurs de l'industrie vidéoludique (développeurs, éditeurs, journalistes, écrivains entre autres) quels ont été les jeux qui les ont marqués en 2017. Aujourd'hui, c'est Ken Levine, le créateur de BioShock, qui se confie sur The Legend of Zelda : Breath of the Wild ; et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il s'agit d'une magnifique lettre d'amour à Nintendo et ses équipes. Selon lui, le véritable défi de cette épisode était de s'émanciper de ce qui avait été fait jusqu'à présent.

Breath of the Wild a réussi quelque chose qu’aucun autre Zelda n’avait fait jusqu’à présent : innover. En effet, si le monde et le style graphique ont déjà changé par le passé (notamment dans Ocarina of Time avec le passage à la 3D qui fut un succès), les bases de Zelda, elles, sont restées les mêmes pendant plus de 30 ans.

La narration (souvent longue), le monde extérieur, les donjons, les items que l’on obtient au fur et à mesure dans un ordre précis ; vous verrez toutes ces mécaniques dans A Link to the Past, Minish Cap ou encore Wind Waker, bien que le style visuel et les sensations que procure chacun de ces épisodes ne sont pas comparables.

Et puis, vous lancez Breath of the Wild. Pa rapport aux autres jeux de la série, il vous plonge dans Hyrule sans un long exposé narratif. Il vous ouvre directement les portes d’un monde immense au lieu de vous le faire découvrir au compte-gouttes. Auparavant, vous ne pouviez pas accéder au donjon de lave tant que vous n’aviez pas bouclé celui de glace.

Les armes ne sont plus de rares artéfacts que l’on conserve jusqu’à la fin. Elles peuvent désormais se casser comme la boîte de vitesses de la Honda Civic de 94. L’expérience est d’une richesse incroyable. Le monde permet de flâner sur plusieurs kilomètres. Au début, vous suivez les chemins, mais sans vous en rendre compte, vous vous retrouvez dans les hautes herbes, puis dans les bois, puis dans le désert à chevaucher des morses afin d’échapper à un poisson géant.

Le rythme est sinueux, et l’étape suivante n’est jamais clairement définie. Du coup, vous commencez à comprendre que le but n’est pas d’accomplir toutes les missions mais juste de se perdre, d’oublier tout le reste et de faire ce que vous voulez.




En tant que développeur, Ken Levine est parfaitement conscient qu'il n'est pas simple de tout "brûler" afin de repartir sur de nouvelles bases, surtout quand il s'agit d'une série aussi prestigieuse que Zelda. Même s'il n'a pas encore eu la chance d'être papa, il considère les jeux qu'ils a conçus comme ses propres enfants.

Je n’ai jamais eu la chance de croiser la route de Shigeru Miyamoto, de Takashi Tezuka, de Koji Kondo, ou de n’importe quel autre designer travaillant sur Zelda. J’imagine que lorsqu’ils ont conçu ce jeu, ils (avec Eiji Aonuma) ne se sont pas contentés de donner à de jeunes développeurs les clés du coffre à jouets qu’ils ont créé il y a 30 ans, mais qu’ils les ont également encouragés à briser quelques-uns de ces jouets.

Personne ne se sent totalement serein en voyant ses enfants être confiés à des nouvelles mains, et être modifiés d’une manière à laquelle nous n’aurions peut-être jamais pensé. ‘Pourquoi ont-ils besoin d’être changés ? Ne sont-ils pas déjà parfaits tels qu’ils sont aujourd’hui ?’ L’envie de se reposer sur nos succès passés est puissante, mais ça peut-être aussi le meilleur moyen de creuser notre propre tombe.

Comment pouvez-vous surmonter cette peur que changer un chef d’œuvre puisse altérer son aura ? Et puis, il y a une crainte encore plus profonde : et si les nouveaux développeurs trouvaient une façon de rendre le jeu encore meilleur ? C’est la peur de l’obsolescence, et c’est ce qui nous rend rigide ; et la rigidité est l’ennemi de l’innovation.


The Legend of Zelda : Breath of the Wild

Au final, Ken Levine est sous le charme de The Legend of Zelda : Breath of the Wild qui, d'après lui, a nécessité beaucoup de courage de la part de Nintendo.

Je suis obligé d’applaudir les équipes derrière Breath of the Wild pas seulement pour leur vision, mais également pour le courage qu’elles ont eu de retoucher une formule longtemps honorée. C’est facile de changer pour changer, mais c’est vraiment difficile de le faire correctement.

La victoire de Breath of the Wild est à tous les niveaux. Vous pouvez la voir avec cette direction artistique tout en nuances, l’entendre avec ce sound design méticuleux, et la sentir avec ces mécaniques extrêmement calibrées. Mais le jeu est avant tout un chef d’œuvre parce qu’il représente un lien avec notre passé, non une répétition.

On rappelle que Ken Levine est actuellement le directeur créatif ainsi que le cofondateur de Ghost Story Games, un studio composé d'anciens d'Irrational Games.


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