Test également disponible sur : PC - Xbox One - PS4

Test Need for Speed Payback : l'ennui comme pas permis sur PS4

Test Need for Speed Payback : l'ennui comme pas permis
La Note
note Need for Speed Payback 12 20

Avec ce sous-titre aussi ambitieux que celui de Payback, on attendait beaucoup de ce nouveau Need For Speed. Se venger de l’affront de 2015 en repartant sur de nouvelles bases, tel était le leitmotiv des développeurs de Ghost Games qui se sont malheureusement encore perdus en cours de route. En limitant les courses à des tracés scriptés et ultra balisés, le jeu ne parvient jamais à prendre son élan et à nous faire profiter de son open world pourtant joli à regarder, malgré un manque cruel d’identité. Résultat, on s’ennuie ferme, d’autant que le jeu est articulé entièrement autour d’un système de grind ultra poussif, dont le but est de pousser le joueur à l’achat via des micro-transactions même pas subtiles. Rajoutez à cela un scénario bien pété, avec une mise scène et des persos bourrés de clichés et vous saurez à quoi vous attendre avec ce titre qui nous avait pourtant promis de l’action brute et du Burnout dans son ADN. Des promesses non tenues qui aboutissent à un sentiment de frustration et de gâchis ultime.


Les plus
  • Un open world plutôt vaste
  • Avec pas mal d’environnements différents
  • Bande-son qui matche bien
  • Un jeu vraiment joli…
Les moins
  • …mais qui manque d’une véritable identité
  • Les tracés sont ultra scriptés et balisés
  • Le grinding est ultra poussif
  • Des quêtes annexes redondantes
  • Le système de Takedown anecdotique et mal fichu
  • Du clipping, même sur PS4 Pro
  • Les courses-poursuites avec les flics sont limitées
  • Scénario bidon, persos cliché
  • Le doublage français est catastrophique
  • Multi OSEF
  • Des doublons dans les vues


Le Test

Propriétaire de la série Need For Speed depuis qu’elle a été créée en 1994, Electronic Arts essaie depuis quelques années de lui redorer son blason, perdu à force de changer de genre (Shift, The Run, Hot Pursuit, Most Wanted), mais aussi de studio de développement (EA Vancouver, EA Montréal, Slighty Mad, Criterion Games). Aussi, pour que son jeu de course parvienne à retrouver une identité et son aura d’antan, l’éditeur américain a mandaté la société Ghost Games pour en faire un rendez-vous majeur au moment des sorties de fin d’année. Un petit avantage est tout de même donné aux développeurs, puisqu’ils bénéficient de deux années de production pour que le résultat soit digne de confiance. Il semblerait que ça ne soit pas suffisant. On vous explique pourquoi.


Need for Speed PaybackAprès avoir co-développé le très efficace Need For Speed Rivals aux côtés de Criterion Games (les créateurs de la série Burnout, ndlr), le studio Ghost Games évolue désormais en solo. Leur premier fait d’arme en tant que studio lead n’est autre que le Need For Speed de 2015, sorte de reboot qui souhaitait ressusciter l'esprit des épisodes Underground, connus pour être très appréciés des joueurs fanas de tuning et de néons qui se reflètent au sol. Malheureusement pour les Suédois de Ghost Games, le résultat n’a pas été à la hauteur de nos attentes, la faute à son scénario malaisant (où les cinématiques avaient été réalisées avec des prises de vue réelles, acteurs ringards y compris), à un open world déprimant limité à des courses nocturnes, et à une conduite un peu trop axée sur les drifts. Avec Payback, Ghost Games s’était fixé l’objectif de revoir leur copie, en commençant par faire lever le soleil dans leur jeu, proposer des cut-scenes modélisées en 3D et enfin dynamiser un peu plus le gameplay en lorgnant du côté de Fast & Furious pour l’ambiance générale. Les premières démos auxquelles nous avions assistées à l’E3 2017 en juin dernier auguraient d’un jeu mieux maîtrisé et d’une approche plus spectaculaire, grâce à l’intégration des Takedown, ce système d’accidents hérité de la licence Burnout et très apprécié par les amateurs de jeux de course arcade. Electronic Arts avait trouvé l’angle qu’il fallait pour nous amadouer, sauf qu’aujourd’hui, on se rend compte qu'on est loin de ce qu'on nous avait vendu il y a plusieurs mois...


EN ROUTE POUR LES RAZZIE AWARDS !

 

Need for Speed PaybackCar dans Need For Speed Payback, il n’y a de spectaculaire que la façon dont le joueur est pris par la main, alors qu’il évolue pourtant dans un monde ouvert, ou du moins dans son apparence. Car s’il est bien possible de parcourir tout Fortune Valley (qui n’est autre qu’une représentation assez proche de Las Vegas), la ville reste néanmoins cloisonnée à certains endroits. Par exemple, vous ne pourrez pas sortir de la route pour dévaler la montagne à flanc de falaise, ni même heurter certains véhicules ou piétons sur le bas-côté. Dans le premier cas, un fondu au noir vous remettra sur le droit chemin, et dans le deuxième, vous serez confronté à un mur invisible. Une hérésie totale pour un jeu dit à monde ouvert et qui sort fin 2017 ! Cette aberration, on la retrouve aussi lors des courses, tellement scriptées et complètement balisées, qu’elles vous renverront au dernier point de sauvegarde si vous n’avez pas respecté les règles du jeu, en sortant par exemple du chemin tout tracé. Non seulement les développeurs réduisent à mort la zone de course, mais en plus ils nous obligent systématiquement à franchir des zones de checkpoint qui n’ont aucun sens (ni intérêt), alors qu’il existe un radar qui peut parfaitement prendre le rôle de boussole. On ne fait donc que suivre le chemin qui nous est tout tracé, en espérant que l’IA ne fasse pas trop le bourrin, ce qui aboutit alors à un sentiment d’ennui le plus total… Pourtant, sur le papier, on nous avait promis des courses frénétiques, ponctuées en plus de courses-poursuites avec les forces de l’ordre et un système d’accidents repris de Burnout, il n’en est rien. L’un comme l’autre, Payback ne fait qu’effleurer ces deux aspects, si bien qu’ils apparaissent comme étant anecdotiques au moment de faire les comptes. On ne sait pas trop ce qui s’est passé lors des séances de brainstorming au moment de décider du game design, mais il est aujourd’hui primordial pour Ghost Games de se remettre en question et de revoir la légitimité de ses décisionnaires…

Par exemple, vous ne pourrez pas sortir de la route pour dévaler la montagne à flanc de falaise, ni même heurter certains véhicules ou piétons sur le bas-côté. Dans le premier cas, un fondu au noir vous remettra sur le droit chemin, et dans le deuxième, vous serez confronté à un mur invisible. Une hérésie totale pour un jeu dit à monde ouvert et qui sort fin 2017 !

 

Need for Speed PaybackSi le Need For Speed de 2015 avait brillé pour son scénario vide d’intérêt et sa mise en scène à peine digne d’une série B venue du Hollywood bas du front, l’histoire de la campagne solo de Payback ne fait guère mieux. On se retrouve en effet à la tête d’un groupe de pilotes automobiles un peu hors-système qui n’ont qu’une envie : faire tomber Le Clan, un gang mafieux dont leur chef suprême n’est autre que l’une de leurs anciennes co-équipières, qui serait passée de l’autre côté de la Force. Un scénario téléphoné, vu 1001 fois et qui va nous permettre de passer par tous les poncifs du cinéma américain du genre, Fast & Furious en tête de gondole. Sauf que contrairement à la saga produite par Vin Diesel, l’histoire de Need For Speed Payback se prend archi au sérieux. Il faut d’ailleurs voir comment se comporte Tyler Morgan, le héros "babtou" (n’y voyez aucune allusion raciste hein…) du jeu qui se montre insupportable, aussi bien dans son attitude que dans son look vestimentaire (le mec porte quand même un t-shirt où il est marqué "Rebels, be fearless", au secours !). Le tout est d’ailleurs accentué par une VF absolument abominable (le jeu ne propose pas de VOST), qui prouve bien que les doubleurs ont travaillé sans aucune aide visuelle.

Need for Speed PaybackQuant à notre héros, il est accompagné de Mac et de Jess, et chacun dispose de sa propre caisse aux propriétés distinctes. Une façon subtile pour nous obliger à changer de bolide selon les courses proposées, et donc de les faire évoluer en parallèle en fonction de l’argent ramassé et des speedcartes qu’on tire au hasard. Une compensation au petit bonheur la chance qui a ceci de particulier qu’il se fiche totalement de vos besoins pour permettre d’accéder à tel ou tel type de course. On peut certes les revendre si elles ne nous conviennent pas, mais farmer comme un porc pour tomber sur la mauvaise pioche, il y a de quoi se taper la tête contre le mur. Si l’argent reste le moteur du jeu, nous permettant d’acheter toute sorte d’améliorations techniques ou cosmétiques, les speedcartes permettent de récupérer de nouvelles performances gratuitement. Culasse, turbo, échappement, transmission, calculateur et moteur, chaque partie de votre voiture doit évoluer si vous souhaitez continuer à avancer dans le jeu. A ce propos, sachez qu’il vous faudra entre 15h et 20h de jeu pour aller au bout de l’aventure. Une durée de vie certes confortable, mais ô combien poussive et pénible…

 

Une compensation au petit bonheur la chance qui a ceci de particulier qu’il se fiche totalement de vos besoins pour permettre d’accéder à tel ou tel type de course. On peut certes les revendre si elles ne nous conviennent pas, mais farmer comme un porc pour tomber sur la mauvaise pioche, il y a de quoi se taper la tête contre le mur.


Need for Speed PaybackToute la structure de Need For Speed Payback a été bâtie autour du farm, sous peine d’être laissé sur la ligne de départ si votre engin motorisé ne fait pas le poids face aux concurrents. Car en plus de bénéficier de motorisations surpuissantes, les adversaires ne manquent jamais un virage en pleine course. Une IA un peu trop artificielle, qui manque de défaillances et surtout d’humanité dans ses pattern, à tel point que cela rend les courses ennuyantes au possible. C’est d’autant plus rageant qu’il est obligatoire de finir premier pour chacune des missions proposées, marquant un peu plus ce côté réussite par l’échec qui ne sied absolument pas au genre et encore moins à l’esprit Need For Speed. Car croyez-moi, entendre les mêmes punchlines – moisies – de nos pilotes 8 ou 9 fois d’affilé peut rapidement créer des crises d’hystérie si on n’est pas préparé… De toutes les façons, Need For Speed a été pensé pour pousser les joueurs à céder aux micro-transactions. Le jeu étant dépourvu de DLC post sortie (à l’instar de Star Wars Battlefront 2), le jeu mise sur ces petits achats compulsifs pour essayer de grappiller quelques euros par-ci par-là, en jouant sur la patience du joueur. Car si le grind se fait de façon smooth au départ, très vite, vous serez obligé de gagner plusieurs dizaines de niveaux pour espérer poursuivre les quêtes principales. Du coup, on part à la chasse de missions secondaires, aussi anecdotiques que répétitives. Réaliser des sauts vertigineux, éclater des panneaux publicitaires, se faire flasher par des radars à une vitesse imposée, déraper sur plusieurs centaines de mètres, voilà le genre d’épreuves que Payback nous demande pour se venger. Sadique.

NI VITESSE, NI IVRESSE

 

Need for Speed PaybackTout n’est pas à jeter dans Need For Speed Payback, à commencer par ses graphismes, fort séduisants, rendus possible grâce au Frostbite Engine qui affiche de jolis panoramas. Fortune Valley étant calqué sur la géographie de Las Vegas, on retrouve peu ou prou les mêmes environnements, avec des tracés urbains étriqués et des routes ultra vastes en plein désert où l’on peut rouler à toute berzingue les yeux quasi fermés. On peut également profiter de décors plus montagneux où s’étendent de jolies forêts de conifères. Si la plastique du jeu fait son petit effet, on se rend en revanche rapidement compte d’une certaine répétitivité dans les environnements, comme si les développeurs n’avaient procédé qu’à des copié-collé random pour ne pas trop se fouler la patte. Il se dégage également un manque de personnalité dans le jeu qui en fait un titre banal, sans charme évident, qui lui aurait permis de briller en société. Dommage. Malgré la puissance du moteur de DICE, le jeu peine quand même à être irréprochable avec un clipping et un popping assez présents, surtout dans les régions montagneuses et dans le désert où buissons et parfois textures apparaissent à la dernière minute. Des carences techniques qu’on a aussi retrouvé sur PS4 standard comme PS4 Pro, ce qui diminue quand même l’effet waouh du rendu visuel, mais qui ne ruinent pas complètement l’immersion, n’exagérons rien.

 

Need for Speed PaybackQue reste-il de positif à ce Need For Speed Payback alors ? La conduite ? Sans doute. Forcément arcade pour plaire à n’importe qui, le pilotage a tout de même la fâcheuse tendance à rester coller à ces fichus drifts, comme ce fut le cas il y a deux ans. Why not, mais le souci, c’est que les tracés du jeu ne se prêtent pas beaucoup aux dérapages contrôlés sur la longueur, avec des tracés souvent étriqués qui multiplient les épingles à cheveux, quand ce ne sont pas des poteaux indestructibles qui viennent stopper net notre élan. Alors oui, Need For Speed Payback s’ouvre un peu à la course off-road, grâce à ses décors plus désertiques et l’on peut s’amuser à changer de caisse ou à augmenter la taille des pneus et des suspensions pour une conduite adéquate, mais une fois sur le terrain, on se rend compte que les bolides ne se comportent pas vraiment différemment que sur du bitume classique. Déception. Again. Une amertume accentuée dès lors qu’on switche de vue et qu’on s’aperçoit des doublons proposés par les développeurs. Sur les 5 positions proposées, trois sont quasiment identiques. Terminons ce test par le mode multi, complètement séparé de l’expérience solo alors que les précédents nous avaient quasiment saoulés avec son système d’autolog. N’espérez pas faire des courses contre d’autres joueurs si vous n’avez pas suffisamment grindé, chaque course étant classée en fonction de votre niveau. Vous pouvez bien sûr lancer des parties privées entre amis, mais encore faut-il trouver une connaissance qui aurait fait la même erreur que vous : celle d’avoir fait confiance à EA et à Ghost Games en achetant le jeu. Car nous, on vous le déconseille fortement.


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