Deus Ex Mankind Divided : on y a joué et ça devrait déboîter


Deus Ex Mankind Divided : on y a joué et ça devrait déboîter

Si les observateurs considèrent – à juste titre – que Final Fantasy XV représente le titre phare de Square Enix en 2016, l’éditeur possède néanmoins d’autres jeux tout aussi ambitieux. Deus : Ex Mankind Divided par exemple, qui n’est pas du genre à se répandre sur la Toile visiblement. En effet, hormis la présentation bluffante à l’E3 2015, les quelques images dévoilées à la gamescom de la même année, et un private showcase auquel ont assisté des médias triés sur le volet, on ne peut pas vraiment dire que les développeurs d’Eidos Montréal se montrent bavard sur le sujet. Ils ont pourtant des choses à raconter dans Deus : Ex Mankind Divided, comme nous avons pu nous en apercevoir à travers la démo qui nous a été proposée lors d’un événement organisé à Londres.


Deus Ex : Mankind Divided"Le divertissement, ça peut aussi être intelligent et soulever des questions". Cette phrase de Jean-François Dugas (directeur exécutif de la licence Deus Ex) résume parfaitement l’idée directrice qui se cache derrière le scénario de Deus Ex : Mankind Divided, à savoir traiter un sujet qui ne se limite pas au seul cadre du jeu vidéo ; et si le transhumanisme demeure le socle commun, d’autres propos viennent se greffer autour. Dans l’épisode Human Revolution, on était amené à se demander quelle était la définition de l’humanité ; dans Mankind Divided, les développeurs d’Eidos Montréal ont voulu aborder ce qu’ils appellent l’Apartheid Mécanique. "Cette fois-ci, nous avons voulu expliquer que bénéficier d’augmentations n’était pas toujours un avantage, nous a confié Jean-François Dugas. Nous souhaitions montrer comment la xénophobie était capable de changer le destin des gens supposés avoir une vie plus agréable. Nous explorons donc des thématiques un peu plus lourdes telles que la ségrégation, le fait d’être incompris par les personnes qui nous entourent ; et, malheureusement, lorsque l’on regarde la société actuelle, on n’est pas si loin de la réalité". Ce choix scénaristique confère à Deus Ex : Mankind Divided une atmosphère particulièrement noire, et certains détails rappellent en permanence que les Augmentés n’ont pas droit au même traitement de faveur que les êtres humains. Par exemple, les forces de l’ordre n’hésitent pas à vérifier l’identité des individus en cas de doute. Même chose pour les moyens de transport : les Augmentés ne sont pas mélangés au reste de la population, et certaines conditions supplémentaires leur sont imposées. D’après ce que nous promet le studio canadien, ces à-côtés visuels seront fréquents, surtout lorsque le héros Adam Jensen – désormais employé par une organisation luttant contre les terroristes augmentés – se baladera dans les rues de Prague, la nouvelle terre d’accueil de Mankind Divided.
 

CRIME CONTRE L'HUMANITÉ


Deus Ex : Mankind Divided"Sur le plan créatif, on avait d’abord choisi l’Europe pour Human Revolution [qui se déroule à Détroit, ndlr], nous a avoué Jean-François Dugas. On a finalement fait machine arrière, mais on savait que si l’on devait faire un autre Deus Ex, ce serait sur le Vieux Contient qu’il se déroulerait. Pourquoi avoir opté pour Prague ? Tout simplement parce que l’on cherchait une ville qui collerait bien avec notre thématique de la ségrégation. Par exemple, dans le jeu, nous avons conçu l’Ùtulek Complex qui s’appelle également Golem City ; et le terme ‘Golem’ renvoie à ce mythe pragois selon lequel – en tout cas, d’après l’une des interprétations qui existent - des rabbins auraient créé une créature pour protéger le ghetto juif des actes antisémites. Nous avons fait des recherches afin que le background du jeu soit cohérent et crédible. Prague est donc quasiment devenue une évidence ; et puis, associer certaines architectures anciennes de la ville à l’univers cyberpunk de Deus Ex, permet d’obtenir un contraste vraiment intéressant". Si les développeurs d’Eidos Montréal ont donc porté une attention toute particulière au cadre de Mankind Divided, ils ont également fait en sorte qu’Adam Jensen s’y intègre parfaitement. A travers les quelques dialogues que nous avons pu parcourir, on sent clairement qu’il n’est plus le même et que sa personnalité a évolué depuis Deus Ex : Human Revolution. En clair, le héros a décidé de lâcher prise et d’assumer le fait qu’il soit un Augmenté – chose qui ne faisait pas du tout partie de ses plans initiaux, rappelons-le. D’ailleurs, pour mieux mettre en avant cette maturité nouvelle chez le personnage principal, les dialogues seront encore plus riches qu’auparavant et afficheront différents niveaux de lecture. Par contre, contrairement à ce que l’on a pu lire ici et là, il ne sera pas possible de vaincre les boss en taillant la bavette avec eux. Pour les mettre au sol, il faudra toujours avoir recours à l’infiltration ou à des moyens létaux ; l’impact des mots a quand même ses limites.

 

Ce choix scénaristique confère à Deus Ex : Mankind Divided une atmosphère particulièrement noire, et certains détails rappellent en permanence que les Augmentés n’ont pas droit au même traitement de faveur que les êtres humains.

 

Deus Ex : Mankind DividedEn parlant des boss fights justement, ceux de Human Revolution étaient en total décalage avec le reste du jeu ; sans doute parce qu’Eidos Montréal avait décidé de les confier à un studio tiers. En grand gentleman qu’il est, Jean-François Dugas n’a pas voulu leur jeter la pierre. "Ils ont fait ce que nous leur avons demandé, a-t-il assuré. En fait, nous étions conscients du problème car durant le développement du jeu, des contretemps nous ont empêchés de livrer notre véritable vision des boss fights ; et compte tenu que le planning était serré, nous avons pris la décision de les intégrer tels quels, sachant qu’ils seraient uniquement orientés action. Cela dit, à l’occasion du DLC ‘The Missing Link’ et de l’édition Director’s Cut, nous avons procédé à quelques ajustements afin que les boss fights soient en phase avec l’esprit du jeu. Vous pouvez vous attendre à la même chose avec Mankind Divided". Parmi les autres principales retouches que l’on a relevées durant les deux heures de démo, figure le système de couverture qui s’inspire grandement de ce que l’on a déjà pu voir dans Splinter Cell Blacklist ou The Division. Plus concrètement, il suffit de placer le réticule à l’endroit où l’on souhaite se rendre, puis de presser le bouton, pour que le personnage se déplace jusqu’à la planque suivante sans jamais dévier de sa trajectoire. L’avantage de ce système est d’éviter les mauvaises manipulations et, surtout, de gagner en précision. De l’autre côté, les développeurs ont tenu à ce que les gunfights soient plus percutants sans forcément verser dans la boucherie. En ce sens, la possibilité de modifier les munitions des armes est bienvenue, et on s’est également amusé à customiser leurs différentes parties à la volée. Bref, l’équilibre entre action et infiltration semble savamment dosé, Jean-François Dugas promettant qu’aucun niveau de Deus Ex : Mankind Divided n’obligera le joueur à opter pour une approche ou une autre. Avec un level design aussi travaillé, tout le monde devrait être en mesure de trouver son compte.
 

L'HOMME QUI VALAIT 3 MILLIARDS


Deus Ex : Mankind DividedPour autant, tout n’est pas parfait et la version Xbox One laissait transparaître de gros soucis de framerate, alors que le jeu avait l’air de mieux s’en tirer sur PC et PS4. Même chose pour l’I.A. : si les adversaires faisaient l’effort de s’organiser pour nous coincer contre un mur, ils étaient en revanche un peu plus idiots pendant les phases d’infiltration. Comprenez par là que nous pouvions trancher tranquillement la gorge d’un ennemi avec la Nanolame, sans que son partenaire – situé trois-quatre mètres plus loin – ne s’aperçoive de quelque chose. Cette ineptie se répétait également lorsque l’on utilisait un pistolet tranquillisant, même si – c’est vrai – l’alerte était donnée quand on ne s’appliquait pas un minimum. Sur le plan graphique, Deus Ex : Mankind Divided multiplie les détails à l’écran avec une certaine insolence. Les textures sont d’une richesse saisissante, les effets de particules aussi, et l’ambiance dégagée par Dubaï était diamétralement différente de celle de Golem City. En choisissant de travailler avec son propre moteur – le Dawn Engine – il est évident qu’Eidos Montréal a disposé d’une plus grande marge de progression pour peindre son tableau, "même si le process est beaucoup plus long que lorsque l’on opte pour un moteur externe", nous a précisé Jean-François Dugas. En termes de contenu, le jeu abritera le mode "Breach" dans lequel il s’agira d’évoluer à travers différents niveaux VR. Le but ? Parvenir à extraire des téraoctets de données pour révéler "la vérité". Si l’approche se veut plus arcade que la campagne solo, les bases du gameplay demeurent, elles, les mêmes ; c’est-à-dire que l’infiltration sera de mise, et que certaines situations obligeront à dégainer son arme. Les stages ne seront pas vides donc, et des drones, tourelles et autres humanoïdes quadrilleront les parages. A vrai dire, "Breach" peut s’avérer rapidement addictif, d’autant qu’il est possible de gratter des crédits pour améliorer les armes et les compétences du personnage via des booster packs. Oui, on peut s’attendre à des microtransactions, les amis.
 

Notre but est de démocratiser les bras bioniques. Par exemple, certaines compagnies vendent des modèles qui coûtent entre 50 000 et 200 000$. Ce que l’on souhaite, c’est que ce type de prothèse devienne accessible.


Deus Ex : Mankind DividedEtant donné que 2016 est placée sous le signe de la réalité virtuelle, le jeu offrira l’occasion d’explorer quatre de ses environnements avec un casque sur la tête. Le résultat est plutôt convaincant, André Vu ayant précisé que les niveaux concernés avaient été recréés spécialement pour cet usage. "Si l’on essayait de faire tourner le jeu tel qu’il est aujourd’hui avec un casque de réalité virtuelle, ça ne rendrait ni service au jeu, ni service à la réalité virtuelle", a fait savoir le directeur exécutif de la marque Deus Ex. Enfin, à l’instar de Konami avec Metal Gear Solid 5 : The Phantom Pain, Deus Ex : Mankind Divided permettra de s’équiper d’une véritable prothèse. Même si les travaux sont toujours en cours, un exemplaire était exposé dans un coin de la salle, avec une application qui reproduisait les gestes effectués par l’utilisateur. "Il s’agit d’un projet que l’on réalise avec le groupe Open Bionics et que l’on a en tête depuis Human Revolution, nous a fait savoir André Vu. Notre but est de démocratiser les bras bioniques. Par exemple, certaines compagnies vendent des modèles qui coûtent entre 50 000 et 200 000$. Ce que l’on souhaite, c’est que ce type de prothèse devienne accessible. Et contrairement à Konami – que je ne fustige pas, bien au contraire – qui n’a permis qu’à un seul amputé de profiter de son bras bionique, nous ciblons vraiment le grand public, qu’il s’agisse des enfants, des hommes ou des femmes". Dans les faits, ceux qui souhaiteront s’offrir une prothèse Deus Ex devront prendre contact avec Open Bionics qui se chargera de faire un scan de leur moignon ; et grâce à la technologie 3D printing, chaque prothèse sera adaptée aux besoins de l’individu. "Que la personne soit amputée au niveau du bras, de l’avant-bras ou du coude, il n’y aura aucun problème, a assuré André Vu. Et puis, il faut savoir que c’est un projet open source, c’est-à-dire que l’accès aux designs et aux plans sera libre". Aucune date de sortie n’a encore été arrêtée, mais Eidos Montréal a bon espoir que les premiers exemplaires seront disponible à la fin de cette année. Quant au prix, on nous garantit qu’il devrait être en moyenne "vingt fois moins cher" que ce qui se pratique à l’heure actuelle. Pour mémoire, la sortie de Deus Ex : Mankind Divided est programmée pour le 23 août sur Xbox One, PS4 et PC.


Notre degré d’attente

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